✄ “Tu crois être en sécurité dehors, mais tu ne l'es même pas à l'intérieur ...”

«Je serais la main qui tue, Qui vous délivrera du système greek», avait-on écris en rouge sur l’un des murs du gymnase. Couleur qui rappelait inévitablement le sang. Celui de Brian Prescott, assassiné deux ans auparavant en ces mêmes lieux ? Ou bien celui de ce pauvre jeune homme au corps désarticulé qui c’était jeté du haut de la tour est ? Il avait, dit-on, craqué sous le poids et les humiliations que lui avait fait subir les sororités du campus. Quoi qu’il en soit, bien que sérieuse, personne, pas même les cinq familles fondatrices – dont avait fait partie Brian Prescott, ne jugèrent bon de s’appesantir sur cette menace, et dans la journée, le mur fut repeint en blanc.

« Des relents de vomit, d’alcool, et de tout un tas d’autres choses, qu’il valait mieux ne pas identifier, vinrent lui chatouiller les narines. Le cœur au bord des lèvres elle se fraya tant bien que mal un passage parmi les détritus. Les fêtes précédant les vacances d’hivers étaient, selon elle, les meilleures. Surtout celle des Iota. L’alcool y coulait à flots, et tous se comportaient comme si la fin du monde était proche. Comme s’ils n’avaient plus rien à perdre. Non sans un sourire elle se remémora les folies qu’elle avait elle-même faites la veille. Chancelante, elle se tint au chambranle d’une porte, et, perdue, regarda autour d’elle. Le salon, elle se trouvait dans le salon des Iota. L’espace de quelques minutes, elle laissa son regard accrocher le paysage blanc s’étendant derrière les grandes baies vitrées. Il avait neigé cette nuit. Avec un sourire de petite fille, et faisant fi de l’odeur nauséabonde, elle traversa la pièce. De la buée se forma sur la surface glacée de la large fenêtre lorsqu’elle y colla son nez. Il devait faire un froid de canard dehors, pourtant ne venait-elle pas d’apercevoir une forme sombre sur l’un des transats oubliés ? Elle frappa deux fois contre la vitre espérant attirer l’attention de la personne. Mais rien, aucune réaction. Peut-être, imbibé d’alcool, s’était-elle endormie… Mue par une étrange appréhension, elle fit coulisser la paroi de verre. L’air glacial de l’hiver lui fouetta violemment le visage, l’enveloppant dans un manteau de froid. Froid comme la mort. Avant même d’arriver jusqu’au corps étendu, elle sentit que quelque chose n’allait pas. Sur le sol, elle remarqua des taches brunes, elle s’en approcha à pas lents. Bien plus que de simples traces, les tâches formaient des mots distinct « Je suis la main qui tue, qui vous délivrera » et lorsque son regard croisa celui sans vie d’un ange blond, à jamais figé dans l’éternel, elle libéra l’air qui semblait s’être accumulé dans ses poumons, déchirant de son cri le voile de silence recouvrant le campus.»

Le corps frissonnant, trempé de sueur, elle se redressa dans son lit. Elle en avait encore rêvé, elle avait revécu cette horrible matinée une fois de plus. N’avait-elle pas essayé de s’abrutir de médicaments, espérant, qu’enfin, elle sombrerait dans un sommeil salvateur, sans monstre, ni sang, sans l’ombre de cet assassin rôdant dans l’université. Un assassin qui pouvait être n’importe qui, et qui s’était lui-même surnommé le justicier du campus….